Le Tenpō Tsūhō (ou Tempo Tsuho) est une pièce japonaise reconnaissable au premier coup d’œil grâce à sa forme ovale très particulière.

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Comme les sapèques chinois de forme ronde, il s’agit d’une pièce coulée et non frappée : Le métal en fusion (du bronze renforcé au plomb) coule dans des moules reliés entre-eux, ce qui donne donne naissance à des grappes de Tenpo Tsuho. Une fois les monnaies détachées, le trou carré central permettait de les enfiler sur une barre pour les ébarber, puis de faire passer une cordelette pour former des lots facilement quantifiables.
Contrairement aux sapèques chinois émis depuis le IIIe siècle av. J.-C., le Tenpō Tsūhō est une monnaie relativement récente. Elle est frappée à partir de 1835 sous l’ère Tenpo. Elle circulera jusqu’à la révolution de Meiji qui restaure le pouvoir de l’empereur et crée un nouveau système monétaire basé sur le yen en 1871.

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Le Tenpō Tsūhō est donc à la fois une monnaie moderne (XIXe siècle) mais issue d’un système monétaire ancien créé par le shogun Tokugawa en 1601. A cette époque, des pièces de cuivre rondes d’une valeur de 1 Mon commencèrent à être coulées sur le modèle des sapèques chinois qui étaient la principale monnaie d’échange utilisée au Japon grâce au commerce et à la piraterie.

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En 1835, le gouvernement décide d’émettre une nouvelle pièce, le Tenpō Tsūhō, d’une valeur de 100 Mon. Le shogunat en place tente alors de faire face à un sévère déficit budgétaire, et comme bien souvent, utilise la manipulation monétaire pour tenter d’améliorer la situation. En effet, le Tenpō Tsūhō contient seulement 5 fois et demi la quantité de cuivre d’une pièce de 1 Mon, mais il a une valeur faciale de 100 Mon.
Ainsi, on peut imaginer que sa forme nouvelle a été pensée pour faire oublier sa petite taille. Le même poids de métal, mais avec une forme ronde classique, aurait semblé bien dérisoire pour une pièce d’une telle valeur faciale : la manipulation monétaire aurait été beaucoup plus évidente visuellement.
Les conséquences d’un tel subterfuge ne se firent pas attendre : l’inflation des prix augmenta (la valeur de la monnaie diminuait) et le phénomène s’accéléra avec une succession d’incidents climatiques qui causèrent une sévère pénurie de récoltes et une grande famine à partir de 1833.
Malgré cela, le gouvernement continua de produire des Tenpō Tsūhō en grande quantité depuis Edo (actuel Tokyo) : un peu moins de 500 millions de pièces jusqu’en 1870. Cette pièce devint donc l’une des monnaies les plus utilisées au Japon durant le milieu du XIXe siècle, mais si elle s’échangeait plutôt autour de 80 Mon à la fin des années 1860.
Aujourd’hui, le Tenpō Tsūhō constitue une curiosité et un bel objet numismatique. Certaines marques d’ateliers (inscrites sur la tranche) restent très rares à trouver en belle qualité car la grande majorité de ces monnaies ont été fondues pour fabriquer les nouvelles pièces en cuivre de 1 et 2 Sen de l’ère Meiji

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